Dès les premières heures, la compagnie aérienne Air Sarada avait essentiellement axé ses activités sur le transport de passagers, et on constate aujourd’hui qu’elle a recentré lesdites activités à une clientèle ciblée. Pouvezvous vous donner les raisons qui ont prévalu à cela ?
En effet ! Air Sarada International a commencé ses activités avec une desserte régulière de la ligne OuagadougouBoboDioulasso, et cette desserte avait pour but de donner une autre option aux voyageurs et surtout de répondre à une demande forte et croissante. Pour ce faire, nous avons fait d’abord l’option d’un essai de trois(3) mois avec un petit module de 17 places, un avion de type LET 410 UVP, en attendant l’accompagnement promis par le gouvernement d’alors pour passer à un module plus approprié qui était l’ATR42 (48 places).
Malheureusement, au bout de 3 mois, les promesses qui avaient été faites par le gouvernement n’ont pas été tenues, ce qui a occasionné de grosses perte à la compagnie. Il a fallu donc, pour la survie de la compagnie, qu’elle se réoriente vers une clientèle ciblée. C’est le lieu pour nous de remercier la société minière qui a été la première à nous faire confiance et avec laquelle nous avions paraphé le premier contrat. Nous sommes d’ailleurs fiers de la compter toujours parmi nos partenaires et clients fidèles
Pour revenir à la desserte de de la ligne OuagaBobo, les difficultés rencontrées ont été diverses. En effet, les taxes, charges et redevances aéroportuaires, disponibilité et coût du carburant étaient tels que, si nous devions les répercuter sur le coût du billet, l’avion n’aurait été dédié qu’à quelques privilégiés, ce qui aurait été aux antipodes des objectifs de Air Sarada International. Cependant, nous maintenons et y travaillons toujours pour une desserte régulière de l’aéroport de Bobo et même pour en faire un hub.
Le secteur de l’aviation civile a été durablement affecté par les effets néfastes de la pandémie de la Covid 19, quelle a été votre stratégie de résilience ? Avezvous bénéficié d’un soutien de l’Etat burkinabè ?
S’il est vrai que le monde des affaires dans son ensemble a été secoué par la pandémie de la Covid 19, le secteur du transport aérien l’a été davantage avec un effondrement de la demande.
Si les grandes compagnies aériennes ont payé un lourd tribut dans cette situation, la modeste compagnie Air Sarada International ne pouvait, être non plus épargnée. Cependant, nous n’avons pas baissé les bras parce que les ambitions qui ont prévalu à la création de la compagnie étaient si nobles que nous n’avons ménagé aucun effort pour sa survie. Nous avons dû recourir à nos partenaires financiers qui nous ont fait confiance et qui nous ont permis de traverser cette zone de turbulence. Aussi, l’une des forces de la compagnie a été le courage et l’abnégation de son personnel et de ses collaborateurs.
Quant au soutien de l’Etat, nous avons approché le Ministère de l’Economie et des Finances, de même que le Ministère des transports à travers l’Agence Nationale de l’Aviation civile pour demander un accompagnement dont nous attendons toujours la suite.
Comment se porte aujourd’hui Air Sarada, en termes de nombre d’aéronefs et ses caractéristiques de volume d’activités, en termes de personnel navigant, respect des normes de sécurité et de sûreté de positionnement par rapport aux autres compagnies nationales ?
Venue de très loin et quasiment du néant, je puis dire avec humilité que AIR SARADA se porte très bien par la grâce à Dieu. La compagnie est détenue par des actionnaires burkinabè.
- Au titre des aéronefs, Air Sarada opère de nos jours avec six aéronefs de types différents, soit un Piper Cherokee, un hélico dauphin, un Beechcraft 1900D et deux Twin Otter.
- Au titre du personnel, la compagnie emploie un personnel qualifié, à majorité burkinabè, dans l’administration et l’exploitation technique de son activité.
Quant aux PNM et PNC, ils sont fournis, en grande partie, par nos partenaires affréteurs des aéronefs.
- Au titre des normes de sécurité et de sureté, la compagnie opère dans le strict respect des dispositions en la matière éditées par l’ANAC.
- Quant au positionnement de Air Sarada International, il y a lieu de s’en féliciter quand on sait que dans l'histoire du transport aérien burkinabè, les compagnies nationales privées ont rarement existé plus de cinq ans d’affilée. Nous en sommes à notre septième année et espérons toujours mieux. Nos clients sont satisfaits de nos différentes prestations. Nous assurons un programme de sûreté et sécurité des vols qui s’est avéré très efficace. Ainsi, jusqu’à ce jour, nous n’avons enregistré aucun incident ni accident dans le cadre de nos opérations.
- Au regard de la situation sécuritaire actuelle, nous avions également mis en place une stratégie d’exploitation de nos dessertes qui inclue les instructions strictes de nos FDS et qui s’est avérée efficace. Jusqu’à ce jour, nous n’avons enregistré également aucun incident lié à cette situation.
- En termes de volume d’activités, nous avons évolué, d’une moyenne de 50 heures de vols par mois, à plus d’une centaine de nos jours. Nous enregistrons donc une nette progression de nos activités.
Air Sarada atelle une stratégie de développement de son expansion ?
Évidemment, Air Sarada International a un plan stratégique de développement actualisé qui a été mis en place depuis 2017. Notre ambition est l’exploitation de la ligne OuagaBoboDioulasso en transport de passagers et de fret en vue d’un développement réel de l’aéroport international de la capitale économique de notre pays, BoboDioulasso. Pour ce faire, nous sommes en train de développer des initiatives et souhaitons un accompagnement de l’Etat. Aussi, nous travaillons à suppléer la compagnie nationale pour la desserte de la sousrégion, de même que nous sommes en réflexion pour un transport réussi du Hadj et de la Oumbra.
Votre mot de fin ?
Je voudrais vous dire merci et dire également merci au magazine l’ANAC NEWS pour le cadre d’expression qui nous a été offert. Cela nous a permis de partager les réalités de Air Sarada International avec vos lecteurs. Je lance un cri de cœur aux autorités à soutenir Air Sarada International dans son élan pour le développement du secteur du transport aérien dans notre pays.
Interview realisée par Salimata Guiro, stagiaire
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